vendredi 13 juillet 2012

Petits scandales entre amis. Chapitre 1 : le prix du baccalauréat



Le Ministère de l’Education Nationale évalue à 50 millions l’organisation de l’incontournable bachot. Il couterait en réalité le double. Le nouveau ministre osera-t-il  affronter les intérêts corporatistes  des enseignants pour réformer cet examen à la française et obsolète ?

Ils sont contents, persuadés d’un avenir radieux. Ils sont catastrophés parce qu’il faut repiquer la terminale. Mais que les lycéens de l’édition 2012 se rassurent, ils seront quand même plus de 80% d’une classe d’âge à réussir, toutes séries confondues.

703 059 inscrits, 5000 sujets concoctés, 180 000 examinateurs et une addition annoncée de 50 milliards d’euros, version officielle par le Ministère de l’Education nationale. Outre les énergies considérables qu’il réclame, l’examen efface du même coup trois semaines d’enseignement de la seconde à la terminale.

Certes, 50 millions c’est dérisoire sur les 62 milliards consacrés à l’enseignement scolaire. Mais en période de crise, la France dépense en moyenne presque 85 euros par candidat. Pour surveiller ces têtes blondes, il faut 180 000 examinateurs qui sont rétribués à la copie corrigée. Xavier Darcos avait revalorisé la correction de copies du bac de 1 à 5 euros. Les primes des chefs de centre d’examen ont été augmentées. Les épreuves orales sont payées quasiment 10 euros de l’heure. Entre 2008 et 2009 la facture totale du bac s’est accrue de 45% en pleine période de toute économique. On comprendra pour quoi aisément des voix s’élèvent pour passer au contrôle continu qui ne couterait presque rien et serait jugé plus juste et moins archaïque que cette météorite anachronique, sophistiquée et frisant le ridicule : ainsi un lycéen peut choisir en option langues vivantes le swahili, le macédonien ou encore l’amharique (langue d’Ethiopie), langues non enseignées dans l’enseignement français… Multiplication des options, nouvelles modalités d’évaluations, création incessante de nouvelles épreuves, le bac pèse lourd pour une étape qui ne fait que se déplacer.

Que ceux qui ont réussi ne se réjouissent pas trop vite. La sélection se fait aujourd’hui en première année d’université, puis la seconde voire en licence. Dans une université lyonnaise de langues, presque 300 étudiants dont 90% d’entre eux ont une moyenne annuelle comprise entre 0 et 5 sur 20. L’illusion républicaine de l’accès au savoir à la peau dure et conduit aujourd’hui à l’errance universitaire. Le bac coute cher, très cher et selon un audit mené en 2005, il s’élèverait à 100 millions d’euros. Vincent Peillon va-t-il oser s’attaquer à la forteresse syndicale et inamovible de l’enseignement secondaire ? Va-t-il oser poursuivre les pistes de réflexions proposées par Luc Chatel qui estimait une institution à bout de souffle ? L’installation d’un contrôle continu bien plus juste et moins anxiogène, pariant sur les progrès constants davantage que sur un coup du sort, serait bien vue même chez les chefs d’établissements. Mais cette réforme entrainerait la suppression de la manne financière des corrections de copies, juste avant les vacances des profs. Or la marge de manœuvre du gouvernement Hollande semble se réduire de semaine en semaine. Le gouvernement Sarkozy avait déjà (comme tous les gouvernements de la V° République) dénoncé les blocages structurels de l’Education Nationale. Comment accepter ainsi de se priver de la base électorale des profs ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire