mercredi 22 août 2012

Petits scandales entre amis. Chapitre 3 : le racket organisé des constructeurs automobiles sur les pièces détachées



Qui n’a pas été confronté, suite à un léger accrochage, d’être obligé de consulter son garagiste, qui s’empresse, en préambule, de dire que ce sera cher ! La pièce détachée automobile en France est un monopole, ou plus pudiquement, une protection de la propriété intellectuelle !  Toutes les pièces de carrosserie de rechange visibles sur une automobile (ailes, pare-chocs, rétroviseurs, phares, spoilers…) représentent un marché de 9 milliards d’euros hors taxe selon l’Autorité de la concurrence. Le hic, c’est que seuls les constructeurs automobiles gardent la main sur ce pactole au détriment du consommateur.
En France, les réseaux de réparation rapide ne peuvent commercialiser que les pièces de rechange non visibles (batteries, carburateurs, radiateurs). L’effet sur les prix est important puisque les tarifs constatés sont de 15 à 30% moins élevés que chez les constructeurs. Pour les pièces visibles, les constructeurs français ou étrangers ont tout pouvoir : ils décident à qui les commercialiser et surtout à quel prix. Les constructeurs français (Renault et Peugeot) déclarent vouloir se protéger de la contrefaçon et préserve ainsi le Made in France et la sécurité des automobilistes. De plus, ces mêmes constructeurs plaident pour des pièces de bien meilleure qualité, plus robustes et qui se changent moins souvent, et, par la même occasion, contestent les chiffres fournis par l’Autorité de la concurrence.
En 2011, l’UFC-Que choisir a tiré la sonnette d’alarme en dénonçant une augmentation des prix des pièces détachées de 26% entre 2005 et 2010. Il est vrai que les marges des constructeurs sur les pièces détachées est colossale. Selon l’UFC-Que choisir, la réparation chez Renault représente 13% d chiffre d’affaires mais 31% des marges… Un marché juteux que les constructeurs auto veulent précieusement conserver.
La solution ? La commande de pièces détachées sur Internet et l’installation de la pièce par un garagiste payé au noir (y’en a). Autre solution : s’approvisionner directement dans les centres de démantèlement. Une méthode encouragée par certains assureurs comme la MAIF. En contournant le constructeur, l’automobiliste peut tabler sur des prix deux fois moins chers pour les pièces mécaniques Environ 80 démanteleurs ont mutualisé leurs stocks de pièces détachées dans le réseau Caréco (www.careco.fr) pour mieux répondre à la demande. La plupart de ces « casses » incluent des garages intégrés dont la fréquentation ne cesse d’augmenter.
En somme, c’est toujours le consommateur automobiliste qui se retrouve coincé par des systèmes économiques qui le dépassent.

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