dimanche 10 février 2013

Les journalistes : utiles ou non à la démocratie ? 1ère partie



Inutile de revenir sur la nécessité des médias dans le jeu démocratique, chacun devrait s’interroger sur le rôle parfois assourdissant des commentaires et des analyses des journalistes. 

Les médias sont un des moyens d’expression essentiel au fonctionnement de la démocratie et devraient jouer un rôle central dans la formation de l’opinion publique. Cependant, la fonction agenda des médias (qu’est-ce qui est le plus important à traiter ?, céder au spectaculaire, regarder ce que font les autres médias…) imposent un rythme et des choix dans l’organisation et la diffusion de l’information. Les rédactions sont contraintes (mais le sont-elles vraiment ?) de choisir des informations à traiter. Au contraire, ne sont-elles pas soumises à un diktat des autorités publiques, des annonceurs, de l’opinion publique, autant de publics qui « exigent » d’entendre ce ils souhaitent entendre ?

Une information de qualité…
Néanmoins, au-delà de ces légitimes interrogations qui devraient répondre surtout à la question centrale de l’objectivité de l’information, les journalistes sont censés suivre un code d’éthique et de déontologie : exactitude de l’information, respect de la vie privée et vérification des sources. Le Syndicat national des journalistes a publié en 2011, une nouvelle charte de déontologie qui a le mérite de fixer de manière assez simple et concrète, ce que tout un chacun pourrait attendre des journalistes. Que les journalistes nous autorisent à reproduire quelques uns des principes rappelés :

Le droit du public à une information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste, rappelé dans la Déclaration des droits de l’homme et la Constitution française, guide le journaliste dans l’exercice de sa mission. Cette responsabilité vis-à-vis du citoyen prime sur toute autre.

Ah ! que l’information est jolie quand on lit ce premier paragraphe ! « Information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste ». Allez demander aux journalistes de la Provence, quotidien racheté par Bernard Tapie, si leur information sera libre et indépendante ! Interrogeons les journalistes de TF1 sur leur indépendance vis-à-vis du groupe Bouygues ou ceux de FR2 vis-à-vis de France Télévision. Où est l’information de qualité et pluraliste dans Libération ou Le Figaro quand il faut taper sur les chefs d’entreprises ou les élus pour servir d’autres intérêts partisans ? Où se trouvent l’indépendance lorsque des débatteurs arrogants, des Zemmour, des Domenach, des Ménard font et défont l’actualité sans même un instant se demander si quelqu’un les regarde. Information spectacle, mise en scène roborative d’arguments de première main, « j’ai raison, tu as tort » asséné à longueurs de pseudo duels pipés d’avance. Dans le même genre, les interventions de Jean-Michel Apathie, sur RTL ou chez Denisot (Le grand journal) ne sont que des empilements de bons mots, pour faire genre, jeune, moderne, décalé. Mais on cherche en vain de l’analyse, de l’argumentation. On pourrait se dire que dans la presse quotidienne il y a un peu plus de recul et d’objectivité. Que nenni ! Ce sont les mêmes qui s’y retrouvent, ceux que dénonçaient l’un des leurs, Albert du Roy, qui, dans La mort de l’information, fustigeait la famille consanguine des journalistes. On ne s’agresse pas entre soi, on aime entendre ses propres amis journalistes, on répète ce que d’autres ont dit le matin même à la radio ou à la télévision. On exhibe sa carte de presse comme un sésame, tout est permis, c’est le pouvoir absolu de tout dire et son contraire.

Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de qualité ; il ne peut se confondre avec la communication. Son exercice demande du temps et des moyens, quel que soit le support. Il ne peut y avoir de respect des règles déontologiques sans mise en Å“uvre des conditions d’exercice qu’elles nécessitent.

Dans la série « nous essayons de chercher la vérité et de publier une information de qualité, nous pourrions citer tous ces scandales médiatiques dans lesquels les médias ont joué un rôle central pour ne parvenir à rien. Inflation de chiffres, inflation de mots, inflation de condamnations a priori, d’images spectaculaires (DSK enchainé, le visage de Florence Cassez), il faudrait de temps en temps rappeler aux médias quelques erreurs qui peuvent couter la vie :

- Outreau et la condamnation sans ambigüité des innocents par la rédaction de la Voix du Nord. Combien de médias ont fait leur mea culpa ?

- La fille du RER C, un mauvais canular, information non vérifiée et reprise en boucle jusqu’au sommet de l’état ? Seule la rédaction du Monde avoua s’être trompée ;

- La grippe aviaire traitée à grands renforts de panique et de déclarations anxiogènes. Résultats ? Rien parce que les journalistes ne savent rien.

- Le trou dans la couche d’ozone qui condamnait l’humanité et qui a subitement disparu de nos écrans. Mise en scène effroyable de journalistes en mal de sensation.

- …

A suivre



 



 

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